Mercredi 24 octobre
Même si nous avions très envie de rester, et même si les américains nous le demandaient, nous devons partir car nous avons pris un rdv pour Franklin, à Las Vegas, pour faire changer l’huile vendredi. Nous nous préparons à partir, pendant que les enfants profiteront jusqu’au dernier moment des Américains. Je suis impressionnée par eux, ils sont partis faire une activité de chercheurs d’or dans le camping avec toute leur famille. Nous irons les rejoindre juste avant de partir. Puis vient le temps des « au revoir » mais nous prévoyons déjà de nous revoir.
Une demi-heure plus tard nous arrivons au parc Yosemite. La route n’est pas évidente, nous nous arrêtons sur le bord de la route où nous nous étions arrêtés il y a dix ans avec mes parents. La vue est belle, nous pouvons observer toute la vallée en contrebas.
Il est déjà assez tard lorsque nous arrivons vers le visitor center. Nous n’avons pas eu le temps de faire grand-chose à part une petite balade vers une cascade, et manger devant la formation rocheuse appelée El Capitan. En plus le bâtiment n’est pas très bien indiqué donc nous tournons un peu en rond avant d’y entrer. Il est 16h50 lorsque nous entrons et nous achetons (cette fois il n’est pas gratuit) le programme de junior ranger. Le truc c’est que le visitor center ferme dans dix minutes, David s’empresse de faire la queue pour pouvoir négocier d’avoir le badge sans rendre le programme car nous prévoyons de continuer la route donc nous ne pourrons pas nous rendre dans un visitor center du parc. Pendant ce temps avec Damien nous visitons l’expo et là Damien commence à crier : « – Regarde maman !! J’ai trouvé un petit os !! ». Il s’avère que le petit os en question n’est autre qu’un vieux chewing gum tout dur. Damien, lorsqu’il apprit ce que c’était était prêt à le remettre à sa place. Je lui dit alors de ne pas le récupérer et d’aller le mettre à la poubelle. C’est à ce moment-là qu’une ranger passant par-là voit la scène et félicite Damien pour son action.
Nous retrouvons David qui est toujours dans la file d’attente et nous expliquons à la ranger notre situation. Malheureusement elle commence à nous dire qu’elle ne peut pas nous donner les badges étant donné que nous n’avons rien fait. Nous lui montrons les jackets avec tous les autres badges, nous lui expliquons que nous sommes étrangers et que nous ne pouvons pas revenir demain matin. Mais elle dit toujours non. Puis nous lui disons que Damien a fait une bonne action (ça tombe bien c’est la ranger qui a vu Damien jeter le chewing gum), que nous sommes sérieux que nous ferons le programme sur le chemin. En plus le visitor center qui est à l’ouest du parc là où nous nous rendons est fermé pour la saison alors il n’y a vraiment qu’elle qui peut nous les donner….
Finalement elle dit : je veux bien vous donner les badges si vous acceptez que je fasse un petit programme de cinq minutes aux enfants. Ok, ok !!! Elle va fermer les portes du visitor center car il est plus de 17h et revient nous faire un petit cours. Nous sommes ravis, nous apprenons pleins de choses et les enfants sont contents d’en apprendre davantage mais aussi de lui raconter ce que l’on a pu apprendre dans d’autres parcs avec les rangers avec qui nous avons randonné. Tout le monde est content, nous remercions la ranger et nous reprenons la route.
ça nous aurait bien embêté si nous n’avions pas pu avoir ses badges surtout que ce programme nous l’avons payé !!
En chemin nous voyons encore une multitude de biches particulièrement à un endroit où beaucoup de monde est arrêté pour les admirer. Elles sont nombreuses et occupent tout un pré. Nous ne restons pas car la nuit commence à tomber et nous avons encore beaucoup de route.
Cette route n’est pas évidente. C’est la montagne !!! Et nous avons beaucoup de portions de foret alors la luminosité est vite basse. C’est alors le meilleur moment pour voir des animaux.
Nous rencontrerons alors un coyote mais nous ne ferons pas que l’observer furtivement. Monsieur le coyote court à côté du camping-car, nous ralentissons alors et il nous passe devant sur la route et court devant nous pendant plusieurs minutes !! J’aurai même le temps de le filmer !!! La scène est surprenante, généralement l’animal est vu au loin ou furtivement lorsqu’il traverse une route mais là on a l’impression d’être ses coachs et de le suivre en voiture pendant son footing lol. Après quelques minutes passées avec lui il repart dans la foret et s’éloigne de la route.
Quelques mètres plus loin, juste avant que le soleil ne se cache complètement, nous verrons une chouette au loin et nous pourrons la photographier.
C’est à ce moment-là que commence l’enfer pour moi.
Le noir complet nous entoure, déjà ce n’est pas le moment que je préfère lorsque nous conduisons. Nous sommes dans les montagnes et dans leurs épaisses forets alors le noir c’est vraiment noir !!!
Puis arrive le moment où nous traversons un feu de forêt. Qui est connu, certes, mais que nous traversons quand même et nous sommes seuls sur cette route….. Plus nous nous enfonçons dans la foret et plus la fumée nous fait tousser. Le niveau d’angoisse chez moi monte d’un cran supplémentaire.
Mais comme si tout ça n’était pas assez, vient alors le moment où nous devons redescendre ce col où nous avons atteint les plus de 3000 mètres d’altitude. Et pour ce faire, nous devons emprunter une route avec des virages improbables et bien sûr sans palissade. Ici, il n’y a plus de foret, juste de la roche et le précipice. Le moment est un moment d’angoisse à l’état pur pour moi. Plus crispé, tu meurs !! Je ne sais pas si je dois fermer les yeux ou les ouvrir. A chaque virage où je me retrouve à moitié dans le vide, car le précipice est de mon côté, je retiens un cri (enfin pas toujours). Les virages s’intensifient de plus en plus et la pente ne fait qu’augmenter !! Je pense aussi aux freins en me disant que ce serait cool que l’on n’ait pas de problème avec un Franklin qui pèse à vide 6373 kg mais nous ne sommes pas à vide !!!
La descente est interminable, les virages de dingos me font me raidir et je suis agrippée au siège comme si j’étais dans un manège à sensation.
Mais mon cauchemar ne s’arrête pas là.
A ma peur vient s’ajouter la douleur !!
J’ai attrapé le rhume qu’avait Damien puis Mélissa. Mes oreilles n’arrivent pas à se déboucher. Au début je ne sentais qu’une légère pression mais plus la descente se faisait plus la pression était forte et la douleur insupportable. J’entendais ma pression sanguine taper dans mes oreilles et je ne pouvais rien y faire. Un vrai enfer !!! Et sur cette route de l’extrême il était bien entendu impossible de nous garer pour soulager ma douleur.
Après une bonne heure de descente, nous avons pu trouver un endroit pour s’arrêter. Il était temps, pour ma survie psychologique et celle de mes oreilles, mais aussi pour les freins de Franklin qui ont bien souffert !!! Nous nous arrêtons un bon quart d’heure le temps que mes oreilles récupèrent et que les freins refroidissent. Nous sommes au milieu de nulle part, il fait nuit noire et je prie pour que le reste de la route soit plus clémente avec moi.
Nous roulerons encore un petit quart d’heure pour nous arrêter à Lee Vining pour manger un morceau. La question maintenant c’est : est ce que l’on reste dormir dans les parages en sachant qu’il n’y a pas beaucoup d’emplacement où dormir ou est-ce que l’on roule encore un peu ?
Moi, j’avoue que j’étais claquée mais ce n’est pas moi qui conduis. David me dit que nous n’avons plus qu’un jour pour traverser la Death Valley car nous avons rendez-vous avec le garage vendredi matin à Las Vegas. Alors nous décidons de continuer encore un peu la route. A ce moment-là il est 21h30 et nous prévoyons de rouler encore une petite heure.
Je suis assez confiante au départ car la route est parfaite toute droite et bien large. Nous ne sommes plus dans les cols et ça, ça me rassure. Mais finalement mon répit aura été de courte durée. La route n’a jamais été aussi droite et nous descendons à toute allure (car nous sommes sur une autoroute) avec une pente à 8% !!! C’est une torture pour moi. Mes oreilles ne suivent pas !! Là j’ai l’impression que mon tympan va exploser ça me fait un mal de chien et on doit s’arrêter en urgence dès que l’on en a l’occasion !! Je n’entends plus rien à part des énormes acouphènes, la pression est tellement forte, j’entends encore les battements de mon cœur résonner dans mes tympans. Je me lève avec difficultés de mon siège car ça m’en donne des vertiges, j’ai l’impression d’avoir perdu complètement l’équilibre. Je rassure les enfants mais je ne fais pas la fière. David toujours aussi compatissant quand je ne suis pas bien, m’engueule à moitié en disant que ce n’est pas normal que je n’ai qu’à prendre du doliprane et ça ira mieux. Je lui explique que c’est le fait d’avoir été malade et d’avoir une telle congestion au niveau de la sphère ORL que j’ai des problèmes pour déboucher mes oreilles…. Bref vive l’ambiance !! Je m’allonge alors un bon quart d’heure pendant que les enfants se préparent pour la nuit. Mes oreilles arrivent à se déboucher tout doucement et les acouphènes se calment. Je retrouve petit à petit mon audition. Nous reprenons la route, je ne le dis pas mais j’ai la peur au ventre à chaque petite descente mais ça y est j’ai vécu le pire aujourd’hui la suite sera plus facile.
La journée est tout de même interminable !!
Il est maintenant 22h30 nous nous arrêtons dans un village, Mammoth Lakes, où nous mettons juste un peu d’essence car le prix est trop cher et nous comptions dormir dans un camping sauvage mais il y a un feu sauvage à cet endroit donc nous devons continuer !!!
Sur la route nous nous arrêtons dans une ville pour mettre à nouveau de l’essence mais la première station qui est fermée n’accepte pas notre credit card à la pompe automatique. Donc il faut encore rouler !!! Pour trouver une station ouverte où l’on peut payer avec du liquide. Nous allons à un endroit pour dormir mais il est bien noté « No overnight parking » à cet endroit donc on doit repartir !!! Au final, nous arrivons à 1h du matin, nous dormirons sur une sorte d’aire d’autoroute !!!
On est morts !! Là on a fait deux journées en une !!
Jeudi 25 octobre
Allez !!! Pas le moment de s’endormir !! La route est encore longue jusqu’à Vegas !!
Nous arrivons assez rapidement sur la route qui mène à la Death Valley.
Dès notre arrivée nous n’en croyons pas nos yeux, David est comme un gamin. Il s’arrête rapidement sur un stationnement sur le bas-côté. Nous sortons du véhicule et des avions de chasse passent juste au-dessus de nos têtes. Mes tympans sont encore fragiles et le bruit est infernal !!! Nous en verrons cinq passés à quelques minutes d’intervalle à une altitude tellement basse, du jamais vu !!! Nous arrivons même à en filmer un. C’est incroyable la vitesse !! Tu les vois arriver de très loin, ils ont la taille d’un oiseau et en quelques secondes l’énorme machine est juste au-dessus de ta tête !!
Nous traversons ensuite ces paysages désertiques pour arriver dans le parc national de la Death Valley. Nous arrivons dans un canyon et nous nous arrêtons. Lorsque nous montons cette colline je vois un homme assis dans un siège avec un parasol, sa glacière à côté de lui. Je trouve la situation étrange, on dirait un pêcheur qui n’a pas la moindre flaque d’eau pour pêcher un poisson… Plus nous avançons et plus nous pouvons compter d’autres personnes sur ces chaises de campings tous dans la même direction. Nous nous rapprochons, et je note alors la présence de grand talkie walkie. Nous apprenons alors grâce à notre inspecteur David que c’est un club passionné d’avions de chasse et ils attendent ici parfois toute la journée sans en voir un. Leurs radios sont branchées et ils arrivent à capter parfois la fréquence des avions de chasse qui passent juste devant eux dans le canyon. Nous leur racontons que nous en avons vu passer juste au-dessus de nos têtes et ils nous expliquent que lorsqu’ils passent dans le canyon le bruit est moins important car il est contenu entre les deux parois rocheuses.
Nous continuons la route des montagnes, et nous admirons d’en haut le désert que nous traverserons ensuite. Nous sommes en octobre mais les températures dépassent toujours les 30°.
Les paysages du désert sont tellement changeants. Nous passons par des montagnes avec des roches rouges, noires, grises ou blanches ; nous traversons des terres plates avec juste une route droite qui les traversent ; nous voyons des dunes de sables impressionnantes et nous verrons par la suite un désert de sel. La descente est encore très compliquée pour moi, il faut à nouveau s’arrêter.
Nous arrivons au visitor center 15 minutes avant la fermeture. Mélissa en ouvrant la porte pousse un petit cri car la poignée est brûlante. La ranger qui est là lui dit : « bienvenue à l’endroit le plus chaud sur terre » !! Nous demandons le programme de junior ranger que nous complétons en grande partie en 15 minutes. Les enfants récupèrent leurs badges et l’on file à Badwater avant que le soleil ne se couche. Lorsque nous arrivons, il fait chaud. Le soleil est en train de se coucher alors on se dépêche d’emprunter ce long chemin tout blanc qui nous mène à cette mer asséchée. Je suis alors surprise par cette petite pancarte tout en haut de la montagne qui indique le niveau de la mer. Nous sommes à 855 mètres en dessous du niveau de la mer. Mes oreilles sont passées d’une altitude de plus de 3000 mètres à – 855 mètres en moins d’une journée !! Ce n’était pas trop le meilleur moment pour avoir la crève. Après quelques photos et le temps d’admirer cette curiosité de la nature nous prenons le chemin du retour et nous finirons la balade dans une quasi obscurité. La chaleur est toujours présente malgré l’absence du soleil, il fait lourd et je raconte, tout en marchant, à Damien, que nous sommes venus à Death Valley il y a 10 ans au mois de juin et que je n’ai pas pu sortir de l’hôtel car je ne supportais pas la chaleur !!! Seuls mes parents s’y étaient rendus pendant que David et moi étions restés à l’hôtel. Nous avions voulu aller à la piscine nous rafraichir mais la piscine était aussi chaude qu’un jacuzzi !!!
Nous repartons alors avec Franklin dans le noir le plus total mais la lune ce soir est particulièrement rayonnante. Nous mangeons à côté d’une station essence qui se trouve juste à côté de la zone 51. On voulait aller voir en journée mais de toute façon tu ne vois rien à part des pancartes t’interdisant l’entrée dans cette zone. Nous pouvons juste voir les pistes de l’US air force toutes éclairées.Nous roulons alors toute la soirée et nous arriverons encore très tard.
Bravo à notre chauffeur qui a conduit dans des conditions particulièrement difficiles ces deux derniers jours et qui avait une copilote complètement out !!
David écrit :
Las Vegas nous voilà ! Jeudi 25 octobre 23h.
Je coupe le contact de Franklin. Nous voilà garés sur le parking du RV Park de l’hôtel CIRCUS CIRCUS en plein Strip de Las Vegas!! J’avais appelé dans l’après-midi pour tenter de réserver un emplacement mais c’est en mode first arrived/first served le truc qui nous porte pas chance en général, donc nous n’étions pas attendu. L’accueil était fermé à plus de 23h et indiquait qu’il fallait aller à l’hôtel pour payer son emplacement.
La question se posait : « est-ce qu’on paie une nuit, ou l’on truande 😀 ? » Sachant que j’avais moyennement envie de me taper la file d’attente du check in … Bon, bien me voilà dans la file d’attente pour réserver 3 nuits, il est plus de minuit j’ai dû me perdre un peu aussi car cet hôtel est gigantesque et composé de 3 tours.
Après avoir enfin payé, il est prêt d’une heure quand j’arrive proche du camping-car. A ce moment là, une chinoise égarée et son père me demandent de l’aide pour trouver leur deux chambres. Elle me montre la carte de sa chambre avec écrit CIRCUS CIRCUS mais pas de numéro. Là, je lui demande si elle sait le nom de la Tour car il y a en gros plusieurs catégories. Elle me dit qu’elle ne sait pas… Je lui conseille d’aller au front desk d’où je venais et lui indique où passer. Ensuite elle me demande où je dors, je lui dis dans un RV, elle ne comprend pas, je lui montre du doigt un camping-car et là elle me dit horrifié oh non, venez dormir dans ma chambre !!!Je lui dis ma famille m’attend dans le RV !! « Oh !! ok, good night so… »
Bref, quand j’ai raconté cela à Karine elle était enchantée lol. Nous voilà posé pour 3 nuits. En plus je dois appeler à 8h le garage pour confirmer le rdv pour faire la fameuse vidange de Franklin et regonfler les pneus.
Il est 1h30, temps d’aller dormir quelques heures.
Comment ça marche les commentaires
Ça marche en tout cas 🙂