112/ Une note salée, mais tant de belles choses qui nous la font oublier.

Dimanche 7 avril 

Le shérif vient nous voir ce midi pour nous dire que l’on n’a pas le droit de dormir ici. Nous sommes assis en train de manger, lui s’est garé juste à côté de notre porte d’entrée et nous parle au niveau de sa fenêtre qui est baissée. La situation est un peu risible. Il nous conseille de quitter les lieux car soi-disant une société vient relever les plaques des véhicules qui restent garés trop longtemps puis reviennent pour enlever ton véhicule. Nous lui répondons (entre deux bouchées de purée) que nous partons après le repas. Finalement Mélissa étant fatiguée, ira se reposer un peu. Puis nous ferons un peu de devoirs. Nous mangeons une glace et le sheriff revient. Il est surpris de nous voir encore là alors qu’il nous avait avertis. Encore lui ! Et il choisit toujours son moment quand nous sommes en train de manger. Nous le rassurons en lui disant que nous allons maintenant partir.

Après notre petit 4h, nous retournons au magasin de souvenirs d’il y a deux jours où nous achetons des serviettes de plage de la Floride aux enfants. Puis nous descendons à Naples où nous prévoyons de nous y arrêter quelques minutes. Nous trouvons une place, enfin deux places pour pouvoir nous garer sur un minuscule parking qui donne sur la plage. Nous payons une demi-heure puis nous allons nous promener sur la plage. Nous sommes contents car nous avions rencontré un monsieur (celui qui a donné une très grosse dent blanche de requin à Damien) dans le camping de : Oscar Scherer State Park qui nous avait dit que c’était très difficile de trouver une place. Nous longeons la superbe plage, où nous avons une folle envie de nous baigner. Mais nous n’avons plus le temps car nous devons rejoindre Miami ce soir. En effet nous avons rendez-vous demain avec Cummins pour savoir quel mauvais tour nous joue la génératrice. Nous profitons quand même de la magnifique vue et nous montons sur le grand ponton qui surplombe la mer. Il y a beaucoup de pêcheurs !! Nous scrutons la mer quand soudain juste à côté de nous, nous voyons un dauphin !!! Nous sommes tous supers contents, il y a l’air d’en avoir deux qui sont dans les parages et nous pouvons les voir sortir de l’eau à plusieurs reprises. Une grosse averse vient interrompre notre observation, nous allons nous réfugier tout au bout de la jetée où tout le monde essaie de se trouver une place sous le seul abri. La pluie n’est pas fine mais l’air est chaud alors ce n’est pas si désagréable. De plus l’averse ne durera pas bien longtemps. Nous pouvons à nouveau retrouver le spectacle fabuleux de tous ces dauphins qui se montrent à nous. Mélissa est comme une folle. Elle qui voulait tant voir des dauphins !! Elle arrive à les voir avant tout le monde et crie en pointant son doigt : « Il est là !! » «  Il est là !! ». Tout le monde suit alors notre spécialiste en dauphin et les gens la félicitent sur sa réactivité. On rigole bien, on vit un rêve éveillé. Le paysage qui accompagne ce moment privilégié est juste époustouflant. Les couleurs de la mer font réver et le ciel nuageux offre de magnifiques lumières avec le coucher du soleil. Avec Mélissa nous avons du mal à partir !! Nous ne voulons pas quitter cet endroit si magique. Mais la lumière commence à baisser sérieusement mais surtout nous devons rejoindre Miami ce soir. Alors c’est en traînant des pieds que nous quittons cet endroit et que nous retrouvons la réalité.

Une mauvaise nouvelle nous attend sur notre pare-brise. Nous avons pris une amende. Au départ je croyais que c’était parce que notre demi-heure s’était transformée en deux heures. Mais en fait l’amende stipule que nous sommes un « oversize vehicule » voulant dire que nous sommes trop gros pour être autorisé à nous garer dans cette ville… C’est donc avec un goût amer que nous quittons Naples. Même si au fond je ne regrette rien car je me rappellerai à jamais de ces moments avec ma famille et surtout Mélissa qui avait des étoiles dans les yeux à chaque apparition de dauphin. Alors tant pis pour l’amende de 37$…

Nous traverserons alors la Floride d’Ouest et Est. Il fait nuit, nous nous arrêtons sur une rest area pour manger, nous doucher et coucher les enfants sur les banquettes. Nous arrivons fatigués sur le parking de Cummins. Il est 00h30, nous nous sommes garés juste devant le magasin. Il fait encore très chaud, c’est un peu drôle comme situation quand on y pense de devoir ouvrir ses fenêtres de chambres lorsque nous sommes sur un parking au milieu de la ville…

Lundi 8 avril 

Il est à peine 8h lorsque nous entendons frapper sur notre camping-car. Nous sommes fait réveiller par les gens de Cummins. Nous nous dépêchons pour nous habiller, manger deux trois bricoles et laisser notre Franklin partir dans le garage.

Nous sommes installés dans une salle d’attente et nous avons amené tous les livres pour que les enfants puissent travailler. Nous sommes de plus en plus nombreux à attendre et un monsieur vient nous voir pour nous dire qu’il nous a mis à disposition un bureau pour que nous puissions nous installer. Nous sommes bien installés en effet et les enfants continuent de travailler. Puis un monsieur du garage suivit d’un autre monsieur viennent nous voir. Ils nous expliquent que pour faire les tests sur notre génératrice il va falloir démonter pas mal de pièces et que cela devrait nous coûter dans les 600$… Nous lui demandons alors de faire un devis et de revenir avec tous les éléments inscrits dont la pièce qu’ils suspectent de ne pas fonctionner et qu’il faudrait changer. Au final, ils reviennent avec le devis final qui est de 700$… Je commence à avoir des sueurs froides. Nous essayons de négocier, de leur faire comprendre que c’est un gros budget et que nous devons réfléchir. Ils nous laissent un peu de temps pour que l’on puisse s’entretenir en privé avec David. La réflexion n’est pas bien longue. Nous voulons vendre notre camping-car dans quelques mois personne ne l’achètera si la génératrice ne fonctionne pas. De plus nous sommes venus ici juste pour la faire réparer, c’est le constructeur de notre génératrice, donc dans quel meilleur endroit aller, que chez celui qui l’a construit ??… On donne alors notre feu vert pour commencer le travail.

Nous continuons les devoirs lorsque nous sommes interrompus par le monsieur qui était venu nous voir la première fois accompagné d’un autre que nous ne connaissons pas encore. Les visages sont tendus, on comprend vite que nous n’allons pas entendre des nouvelles réjouissantes. Et encore plus lorsque le monsieur commence à prendre la parole. Nous avons l’impression que nous sommes dans une salle d’attente d’hôpital et que les chirurgiens (comme dans les séries américaines) viennent nous annoncer une mauvaise nouvelle. L’opération ne se passe pas comme prévue. Le monsieur nous prévient : Nous avons une mauvaise nouvelle…

Que va-t-il nous annoncer ?? Je dois dire que je vois encore des dollars défiler dans leurs yeux. Et pour sûr, le problème avec la génératrice c’est qu’une pièce a cassée et qu’ils n’arrivent pas à ouvrir notre génératrice pour changer une pièce qui est cassée. Apparemment une vis est complètement oxydée par le sel d’après eux. L’opération est délicate car elle n’est pas sans risque. S’ils continuent le processus, le risque est que le rotor peut casser empirant alors la situation et changeant complètement la nature des réparations. On ne parlerait plus alors d’un millier de dollar mais de plusieurs… Ah oui parce que la note a pratiquement atteint le millier de dollar maintenant. Nous devons alors prendre une décision, nous sommes les tuteurs légaux de Franklin et nous devons nous décider si nous poursuivons l’opération.

Sachant qu’ils l’ont déjà ouvert et que des frais très importants nous serons demandés même si aucunes réparations n’est faite, nous préférons tenter le tout pour le tout et ce n’est pas sans appréhension que nous donnons notre consentement.

Nous sommes un peu perturbés par la nouvelle et décidons d’aller nous aérer au seul endroit où nous le pouvons dans une zone industrielle. Nous voilà donc à Costco où nous pouvons manger une pizza et essayer de penser à autre chose. Les enfants participent à tous ces évènements du voyage à 100% même si parfois on aimerait qu’ils puissent être épargnés, difficile de faire autrement. On parle alors de Disney et de la possible remise en question de pouvoir y aller… C’est là qu’ils m’impressionnent car malgré leur déception, ils essayent de nous remonter le moral en faisant croire que ce n’est pas important pour eux si on doit annuler.

Lorsque nous retrouvons notre bureau dans le garage, le garagiste nous fait savoir que la vis a pu être retirée sans causer de dégâts. Ouf !! Nous discutons alors avec un monsieur qui attend aussi avec sa femme depuis ce matin comme nous. Il a des problèmes avec son moteur. Il a déjà effectué des réparations il y a deux mois qui lui ont coûté 2000$ et il pensait que le problème recommençait. Croyant alors qu’il serait toujours sous garantie, le garage lui annonce aussi une mauvaise nouvelle : le problème est tout autre, un autre souci toujours avec le moteur. Et il aura le droit à une note salée aussi : 5000$… Bref, c’est un peu la douche froide et le pauvre monsieur se décompose au fur et à mesure de la journée. Nous essayons alors de faire passer le temps et de se remonter le moral en discutant de nos vies.

C’est là aussi que Ron nous dit que si nous n’avons pas d’endroit où aller ce soir, le garage a des places sur son parking à l’intérieur du garage. Il y a de l’eau et de l’électricité. L’endroit est sécurisé puisqu’il y a un code pour pouvoir entrer dans le parking. Sachant qu’il y dort depuis quelques nuits maintenant nous demanderons au garage si nous pouvons avoir une place.

C’est donc là-bas que nous nous retrouvons le soir. Ron est marqué par la journée. Il a les traits du visage tirés et avec cette pâleur qui l’accompagne on peut y lire la fatigue. Lori, sa femme, vient voir les enfants et leur donne des bulles pour pouvoir jouer dehors. Nous en profitons pour discuter un peu toutes les deux. Je lui explique que nous avons un problème avec notre tuyau d’eau puisque nous ne pouvons pas nous raccorder. Son mari qui vient nous rejoindre, nous propose alors d’installer sa double sortie pour que nous puissions utiliser le même robinet. Et nous prête même son balai de nettoyage pour que l’on fasse une petite beauté à Franklin avec l’eau de Cummins. Après tout, avec tout ce qu’ils nous ont chargés !! On peut quand même faire un brin de toilette à notre Franklin ! Les enfants s’éclatent à nettoyer le camping-car.

Pendant ce temps Lori m’invite dans son énorme bus. C’est immense, elle me propose d’utiliser sa machine à laver et son sèche-linge !! Et oui dans leur maison roulante ils ont le grand luxe !! Nous discutons un peu puis nous partons tous manger au restaurant. Ron et Lori nous emmène en voiture. Les enfants iront chacun leur tour dans le coffre qui est ouvert derrière nous.

Nous allons au chinois et passons une excellente soirée. Nous avons une fois de plus rencontré des gens extraordinairement gentils. It’s crazy !! Quand on y pense !! Nous venions juste de les connaitre, en plus dans des conditions particulières et nous passons une soirée entière avec eux. Je n’arrive pas à croire qu’aujourd’hui nous sommes capables de parler autant avec des étrangers au point de sortir au restaurant avec eux. Je ne pensais pas que cela serait possible un jour et ça arrive tout naturellement…

Pendant cette soirée nous avons un peu oublié notre dépense pour la génératrice… Finalement nous nous endormons contents grâce à cette belle rencontre.

Mardi 9 avril 

Ce matin nous ne trainons pas pour nous habiller car nous allons dire au revoir à nos voisins. Malheureusement pour eux les réparations sont toujours en cours et leur camping-car doit retourner assez tôt dans l’atelier. Encore une journée à attendre dans la salle d’attente (au moins ils ont une voiture pour s’évader un peu). Une petite photo avec eux et nous les regardons partir en espérant qu’un jour nous pourrons nous revoir.

On traine un peu à notre emplacement. Puis nous irons nous charger en propane avant de nous diriger vers un nouveau parc national. Lorsque nous prenons l’autoroute nous retrouvons alors sous un big orage avec des pluies diluviennes. Pour plus de sécurité, nous préférons sortir de l’autoroute et emprunter des routes quasi désertes. Pour le coup nous arrivons sur des routes désertes mais surtout un peu pourries, avec des trous et inondées d’eau. Nous prenons alors notre temps et découvrons des milliers d’hectares de plantation en tout genre palmiers, cocotiers et autres plantes exotiques.

Nous allons à Walmart faire des courses pour faire le plein pour être tranquilles en pleine nature. Le mec de la sécurité vient nous voir pour nous avertir que nous ne pouvons pas rester sur le parking la nuit. Ça tombe bien, nous ne comptions pas y rester. Après nos courses nous filons à Cracker Barel c’est un magasin qui accepte que les camping-cars passe la nuit sur leur parking.

Après s’être garés, les enfants et David sont partis faire un tour dans le magasin. Quant à moi je suis restée au calme avec mon Franklin. Peu de temps après que les enfants soit revenus, un homme vient frapper à la porte et nous demande si on a rien vu d’étrange car il vient de se faire cambrioler sa voiture. Le monsieur semble choqué et je dois dire que cela me choque aussi car la voiture est à une dizaine de mètre et je n’ai rien vu. Nous allons voir les gens c’est deux couples de retraités qui viennent juste d’arriver à l’aéroport de Miami depuis le New Jersey. Ils ont pris leur voiture de location et se sont arrêtés ici pour manger. Et se sont fait tout voler. La fenêtre est complètement brisée mais c’est du côté conducteur et je ne pouvais pas voir. Ça me rassure un peu car je ne me sentais pas bien de n’avoir rien vu. Nous les aidons comme nous le pouvons.

Les enfants sont un peu apeurés par les lieux. Nous les rassurons et passons la nuit ici.

NB: Nous payons notre amende que nous avons eue à Naples.